Onderzoek
Laudatio uitgesproken door prof. dr. F. De Pauw
FACULTEIT VAN DE RECHTSGELEERDHEID
Laudatio van Prof. Dr. J. Carbonnier,
door Prof. Dr. F. De Pauw,
Decaan van de Faculteit
Het is niet gemakkelijk de verdiensten van collega Jean Carbonnier, hoogleraar aan de Université de droit, d’économie et de sciences sociales te Parijs, in een notedop te beschrijven.
Dat wij hem tot de doctores honoris causa wensen te rekenen, is te danken aan zijn internationale wetenschappelijke faam op het gebied van het burgerlijk recht – meer bepaald het personen-, zaken- en verbintenissenrecht – en van de rechtssociologie en aan het feit dat onze V.U.B.-studenten herhaaldelijk in zeer gewaardeerde gastcolleges de vrucht van zijn wetenschap hebben mogen genieten.
La mission qui consiste à présenter Monsieur le Doyen Jean Carbonnier est tout à la fois fascinante et périlleuse. Elle est fascinante dans la mesure où elle fournit au présentateur un sujet en or; elle est périlleuse dans la mesure où le sujet est inépuisable et le temps de parole déplorablement court.
Né à Libourne (le pays du bon vin), vous faites, mon cher Doyen, vos études à Bordeaux (le pays du bon droit). Vous y conquérez très tôt le diplôme de docteur en droit avec une thèse fort remarquée sur « La nature du régime matrimonial ».
Ce cap franchi, votre carrière se déroule avec la régularité d’une coulée de métal précieux. Dès l'âge de trente ans, vous êtes nommé professeur agrégé à la Faculté de droit de Poitiers. Votre enseignement, empreint d’une vision nouvelle fondée sur la réalité et l’expérience, suscite immédiatement le plus vif enthousiasme. Aussi, les autorités académiques n’hésiteront elles pas à vous confier la lourde charge de l’enseignement du droit civil.
De 1950 à 1954, vous présidez aux destinées de votre Faculté avec l’autorité qui s’attache à vos travaux et la bienveillance qui caractérise votre personne.
Mais, quelle que soit l’exemplarité de votre carrière et de votre vie, vous résistez mal à l’appel des sirènes lorsqu’elles vous proposent, en 1955, d’enseigner à Paris le cours de la sociologie du droit, fait à votre mesure.
Allant de pair avec une carrière magnifique, votre produc tion scientifique augmente sans cesse et les livres sortent de votre officine avec une régularité stupéfiante.
Après la publication de votre thèse et de deux ouvrages, en 1934 et en 1938, qui annoncent le maître des grandes œuvres, commence cette étonnante série de Traités parus dans la collection Themis sous forme de petits livres dodus, chargés de substances, qui ont répandu votre pensée dans le monde, apportant un souffle nouveau dans l’enseignement du droit; ils concernent de grands chapitres de droit civil et la sociologie du droit; un de ces tomes en est à sa 9e édition!
A cela s’ajoutent les innombrables études, articles, chroniques, notes et rapports que vous avez fait paraître dans le Dalloz, dans la Semaine juridique, dans la Revue trimestrielle de droit civil.
Ces travaux fourmillent d’idées originales, de vues nouvelles, de raccourcis saisissants.
On trouve d’ailleurs chez vous les choses les plus surprenantes: les piliers du droit et les jeux du droit; le grand droit et le petit droit; le Deutéronome et le droit pour les femmes de porter des pantalons; le droit et le non droit; Satan et le droit.
On a dit de vous – et rien n’est plus manifeste – que vous avez rénové la science du droit. C’est que vous êtes tant juriste que sociologue. Et de cette bivalence est résulté une méthode exceptionnelle. Chaque chapitre de vos traités est suivi de ce que vous appelez modestement un « état des questions », mais qui contient pour le chercheur d’inestimables trésors.
Rien d’étonnant dès lors que les universités étrangères se soient disputé l'honneur de pouvoir profiter de votre brillant enseignement. Nous avons encore tous à la mémoire les remarquables conférences que vous avez faites dans cette université en 1960 et en 1972, ainsi qu’au Centre interuniversitaire de droit comparé en 1972. Aussi plusieurs universités (Louvain, Utrecht, Mac Guill et Bern) nous ont-elles précédé en vous accordant la qualité de docteur honoris causa.
Rien d’étonnant non plus que le gouvernement français vous ait fait le rare honneur de vous charger de la rédaction de nombreuses lois récentes, sur la tutelle, sur les régimes matrimoniaux par exemple; textes qui suscitent l’admiration dans le monde juridique tant à cause de la précision de la pensée qu’en raison de la perfection de la forme.
Ces éclatants mérites, qui font de vous l’un des ambassadeurs les plus éminents de la science juridique française, ne sont, dois-je le dire, pas étrangères à l’enthousiasme unanime avec lequel votre désignation en qualité de docteur honoris causa a été accueillie par les autorités académiques, ni à la fierté que nous éprouvons de vous compter désormais parmi les membres de notre Faculté.