onderzoek
Laudatio uitgesproken door prof. dr. St. Tavernier
VOORGEDRAGEN DOOR DE
FACULTEIT VAN DE WETENSCHAPPEN
Professor Georges CHARPAK
Professor Georges CHARPAK werd op 1 augustus 1924 in DABROVICA - Polen geboren. In 1932 week de familie uit naar Parijs, waarna hij in 1946 de Franse nationaliteit aannam.
Van 1945 tot 1947 studeerde Georges CHARPAK aan de Ecole des Mines in Parijs. In 1948 promoveerde hij tot licentiaat in de wetenschappen en in 1954 tot doctor in de fysica aan het Collège de France, na het verrichten van experimenteel onderzoek op het gebied van de nucleaire fysica.
Professor Georges CHARPAK was van 1948 tot 1959 als wetenschappelijk medewerker van het Centre National de la Recherche Scientifique verbonden aan het Laboratoire de Chimie Nucléaire van Joliot.
In 1959 werd hij overgeheveld naar het Centre Européen pour la Recherche Nucléaire in Genève. Hij had een belangrijke inbreng bij het ontwikkelen van instrumenten voor de detectie van elementaire deeltjes, w.o. de dradenkamer, die althans de belangrijkste experimentele techniek is in de elementaire deeltjes fysica en ook talrijke toepassingen kent in andere gebieden. Precies omwille van deze uitvinding ontving hij in 1992 de Nobelprijs voor Fysica.
Professor Georges CHARPAK ontving nog talrijke andere belangrijke onderscheidingen, o.m. vanwege de Société française de Physique, de Académie des Sciences de France, de National Academy of Sciences of the U.S.A. en de Osterreich Akademie der Wissenschaften. Hij is tevens doctor Honoris causa van de Universiteit van Genève en van Thessaloniki.
Sinds 1984 bestaat een nauwe samenwerking met de V.U.B. met betrekking tot het ontwikkelen van speciale dradenkamers voor toepassing in de positron emisie tomografie in de geneeskunde. Dit onderzoek wordt geconcretiseerd via twee gemeenschappelijke EG-projekten.
LAUDATIO
VOOR PROFESSOR DR. GEORGES CHARPAK
Nous avons aujourd’hui l’honneur et la joie d’avoir parmi nous le savant exceptionnel qu’est Georges Charpak.
Charpak est né en 1924 en Pologne dans la ville de Dabrowica, près de la frontière de l’URSS. Il arrive à Paris en 1932, et très vite, adopte la France comme sa véritable patrie. Il fait ces études à l’école des mines, mais c’est la physique qui l’intéresse. De 48 à 55 il réalise une thèse de doctorat dans le laboratoire de Frédéric Joliot-Curie, et rejoint le CERN, le grand laboratoire Européen de la physique des particules élémentaires, en 59. C’est au CERN qu’il développera les idées scientifiques originales qui lui vaudront le prix Nobel 1992.
La physique est une science expérimentale. Aucune conclusion n’est considérée comme acquise, aucune théorie n’est considérée comme établie, si elle n’est confirmée par l’expérience. Or, depuis 20 ans, presque toutes les expériences en physique des particules élémentaires font appel aux idées développées par Charpak. Ces idées sont en fait un ensemble d’inventions, d’innovations, voire d’astuces, qui permettent d’observer les trajectoires des particules élémentaires, en utilisant le phénomène d’amplification d’un signal électrique dans un gaz. Comme les instruments basés sur ce principe contiennent en général un grand nombre de fils minces comme électrodes, on les appelle “chambres à fils”.
Bien sûr, il existait d’autres techniques pour observer les particules élémentaires avant Charpak. Ces techniques faisaient le plus souvent appel à un enregistrement photographique des phénomènes. Ce que Charpak a fait, c’est développer des méthodes qui permettent d’enregistrer les événements directement par un ordinateur. Le grand mérite des chambres à fils est qu’elles permettent d’observer les phénomènes des milliers de fois plus vite. La chambre à fils est aux détecteurs antérieurs, ce que le cinéma est à la photographie.
Mais Charpak n’est nullement un scientifique enfermé dans sa tour d’ivoire, coupé de la société. Cela, il le trouve déjà très tôt en s'engageant dans la résistance, engagement qu’il a failli payer du prix le plus élevé. Plus tard, et à maintes reprises, il montre que la société ne le laisse pas indifférent. Il a été président du comité Orloff, du nom d’un dissident soviétique connu, pour ne mentionner qu’un exemple parmi d’autres. Dans le domaine scientifique, sa curiosité ne se limite pas à la physique des particules, il est sans cesse à la recherche d’applications de ses découvertes dans d’autres domaines. Ainsi a-t-il développé plusieurs applications des chambres à fils à la biologie, comme un détecteur pour déterminer les structures des protéines, ou encore un appareil permettant, en autoradiographie, de se passer de film photographique.
La collaboration entre Charpak et la VUB débuta en 1984. En cette année j’assistais, un peu par hasard, à un séminaire de David Anderson, élève de Charpak travaillant dans son équipe au CERN. Anderson y présentait des nouvelles idées pour la détection des rayons gamma à l’aide de chambres à fils. A l’issue du séminaire, Charpak attira mon attention sur les applications potentielles de ces détecteurs en médecine nucléaire, et en particulier sur les possibilités qu’offre cette approche pour améliorer la résolution spatiale des tomographes à émission de positrons. C’est ainsi que j’ai commencé mes premiers travaux dans ce domaine, entièrement nouveau pour moi, comme visiteur dans le groupe de Charpak au CERN. On ne peut souligner assez l’atmosphère ouverte, détendue, mais dynamique et très stimulante qui régnait dans ce groupe. Charpak, par la sympathie qu’il dégage en permanence, par son enthousiasme débordant et communicatif, a grandement contribué à la diffusion et l’acceptation rapide des chambres à fils dans la physique des particules élémentaires et dans d’autres domaines. Il m’aurait probablement été impossible de réaliser le prototype de tomographe à émission de positrons à haute résolution existant en ce moment à la VUB s’il ne m’avait pas laissé puiser sans limite dans le trésor d’expérience qu’il a accumulé dans ce domaine, et sans les encouragements constants qu’il m’a prodigués au début du projet.
Les temps ne sont pas sans partage favorables à la recherche fondamentale. Il faut pourtant, et à tout prix, maintenir et continuer l’aventure intellectuelle extraordinaire qu’est la recherche fondamentale, et en particulier la recherche en physique des particules élémentaires. Mais il faut aussi répondre à la demande de la société qui attend des retombées et des applications concrètes. Une grande organisation de recherche comme le CERN, et bien sûr aussi notre université, se doivent de réfléchir à la façon la plus appropriée de concilier ces deux objectifs. Cela nécessitera sans doute certains ajustements, voir des changements de mentalité. Charpak lui, a certainement, et d’une façon remarquable, réussi dans cette entreprise. Mais je ne sais pas si son exemple peut vraiment nous servir de guide, il est probablement tout simplement inimitable.
Prof. Dr. St. Tavernier